Cette technique a démontré sa supériorité par rapport à la radiographie conventionnelle dans la détection de sacro-iliite, en particulier dans les formes récentes, à radiographie normale [13–15] par la mise en évidence de la composante inflammatoire de l’atteinte articulaire qui précède les modifications structurales, ces dernières étant appréhendées par imagerie à rayons X [16]. La scintigraphie osseuse, d’interprétation difficile dans cette localisation, ne permet pas la distinction entre inflammation et remodelage osseux structural et n’a donc pas de place dans cette discussion. Pour Oostveen et al. [17], une sacro-iliite de grade supérieur ou égal à 2 en IRM a une valeur prédictive positive de 60 % de développement d’une sacroiliite de grade supérieur ou égal à 2 en radiographie standard après trois ans d’évolution (sensibilité 85 %, spécificité 47 %). Cependant cette évolution n’est pas obligatoire, suggérant la possibilité de formes abortives de sacro-iliites IRM.

L’IRM peut donc représenter une aide en particulier dans les formes précoces de la maladie, mais ne résout pas tout, son utilisation pratique courante supposant au préalable une uniformisation et une standardisation des procédures, ces éléments faisant l’objet actuellement d’un groupe de travail de l’OMERACT. Cependant, dès à présent, certains auteurs proposent l’IRM sacro-iliaque comme outild’un arbre décisionnel de diagnostic précoce en cas de rachialgies inflammatoires à radiographie normale [18,19].

Il apparaît donc que la situation d’une spondylarthrite sans atteinte sacro-iliaque en imagerie existe réellement et bien sûr dans les formes récentes de la maladie (mais il faut rappeler la difficulté de dater avec précision l’ancienneté de la maladie et la date des premiers symptômes) [20] ; mais il ne faudrait pas limiter cette situation aux seules formes dites « préradiologiques », la fréquence de spondylarthrite sans atteinte sacro-iliaque étant estimée à 5 % [21].

Ces considérations illustrent la nécessité de disposer des critères de diagnostic utilisables à un stade précoce, pouvant s’affranchir du critère structural (radiologique), à l’instar de ce qui est utilisé en pratique courante dans la polyarthrite rhumatoïde, [20] et peut-être de revoir les critères de classification et de nosologie, incluant le concept de spondylarthrite indifférenciée et de spondylarthrite axiale [22,23].

L’absence d’atteinte sacro-iliaque en imagerie ne doit pas être un obstacle au diagnostic précoce, si l’on veut appliquer à la spondylarthrite le même concept thérapeutique qu’à la polyarthrite, dans la mesure où l’on dispose maintenant de thérapeutiques efficaces sur le plan clinique et peut-être structural. Les recommandations de la Société française de rhumatologie prennent en compte, en l’absence de sacro-iliite radiologique, la mise en évidence d’une inflammation objectivée par IRM [24]. Dans cette optique, le clinicien aura à se positionner entre deux extrêmes, d’un côté la nécessité d’un diagnostic précoce (où la radiologie peut être prise en défaut), et d’un autre côté un diagnostic de certitude que permet l’imagerie.

Cette réflexion alimente les travaux et projets du groupe ASAS (Assessment in Ankylosing Spondylitis), et ces différentes questions pourraient trouver réponse dans l’exploitation des données des différentes cohortes de formes récentes de spondylarthrite, existantes ou en cours de constitution.

Références:

[13] Blum U, Buitrago-Tellez C, Mundinger A, Krause T, Laubenberger J, Vaith P, et al. Magnetic resonance imaging (MRI) for detection of active sacroiliitis. A prospective study comparing conventional radiography, scintigraphy, and contrast enhanced MRI. J Rheumatol 1996;23:2107– 15.

[14] Puhakka KB, Jurik AG, Schiottz-Christensen B, Hansen GVO, Eglund N, Christiansen JV, et al. Magnetic resonance imaging of sacroiliitis in early seronegative spondylarthropathy. Abnormalities correlated to clinical and laboratory findings. Rheumatology 2004;43:234–7.

[15] Brandt J, Bollow M, Häberle J, Rudwaleit M, Eggens U, Distler A, et al. Studying patients with inflammatory back pain and arthritis of the lower limbs clinically and by magnetic resonance imaging: many, but not all patients with sacroiliitis have spondyloarthropathy. Rheumatology 1999; 38:831–6.

[16] Baraliakos X, Braun J. Magnetic resonance imaging in ankylosing spondylitis. Joint Bone Spine 2006;73:1–3.

[17] Oostveen J, Prevo R, den Boer J, van de Laar M. Early detection of sacroiliitis on magnetic resonance imaging and subsequent development of sacroiliitis on plain radiography. A prospective, longitudinal study. J Rheumatol 1999;26:1953–8.

[18] Rudwaleit M, van der Heijde D, Khan MA, Braun J, Sieper J. How to diagnose axial spondyloarthritis early. Ann Rheum Dis2004;63:535–43.

[19] Heuft-Dorenbosch L, Landéwé R, Weijers R, Wanders A, Houben H, van der Linden S, et al. Combining information obtained fromMRI and conventional radiographs in order to detect sacroiliitis in patients with recent onset inflammatory back pain. Ann Rheum Dis 2006;65:804–8.

[20] Davis JC, Dougados M, Braun J, Sieper J, van der Heijde D, van der Linden S. The definition of disease duration in ankylosing spondylitis: reassessing the concept. Ann Rheum Dis 2006 (published online 7 Feb.).

[21] Rudwaleit M, Khan MA, Sieper J. The challenge of diagnosis and classification in early ankylosing spondylitis. Do we need new criteria? Arthritis Rheum 2005;52:1000–8.

[22] Zochling J, Brandt J, Braun J. The current concept of spondyloarthritis with special emphasis on undifferentiated spondyloarthritis. Rheumatol 2005;44:1483–91.

[23] Breban M, Miceli-Richard C, Zinovieva E, Monnet D, Said-Nahal R. The genetics of spondyloarthropathies. Joint Bone Spine 2006;73:355– 62.

[24] Pham T, Guillemein F, Claudepierre P, Mathieu L, Miceli-Richard C, Fautrel B, et al. Recommendations of the French Society for Rheumatology for the use of anti-TNF alpha agents in ankylosing spondylitis and psoriatic arthritis. Joint Bone Spine 2006;73:433–41.