En première analyse, les formes sans atteinte radiologique sacro-iliaque pourraient représenter des stades relativement précoces de la maladie. On sait que les modifications radiologiques sont longues à se manifester. Mau et al. [6] ont évalué l’évolution à dix ans de l’images radiographiques de 88 patients avec spondyloarthrite axiale avec des sacro-iliaques normales ou suspectes. L’ancienneté des symptômes, à l’entrée de l’étude, est de 8 ± 7 ans. Cinquante-quatre patients sont revus à dix ans : 32 (59 % des 54, 36 % des 88 patients initiaux) ont à ce recul une spondyloarthrite définie avec sacro-iliite de grade supérieur ou égal à 2. Chez 12 patients sur 54 la spondyloarthrite peut être éliminée. Pour les dix patients restants, six ont une spondylarthrite possible, et quatre une spondylarthropathie indifférenciée. Les signes radiographiques de sacro-iliite devenaient évidents après au moins 9 ± 6 ans, et de l’atteinte rachidienne après 11 ± 6 ans de durée moyenne des symptômes.

L’évolution des spondylarthropathies indifférenciées, analysée par Sampaio-Barros [7] chez 68 patients d’ancienneté moyenne de la maladie de cinq ans, sans atteinte sacroiliaque, avec un suivi de deux ans, s’est faite vers une spondylarthropathie indifférenciée dans 75 % des cas, une rémission dans 13 % et une spondylarthropathie définie dans 12 % des cas (spondylarthrite ankylosante 10 %, rhumatisme psoriasique 2 %). Ainsi, l’évolution des spondylarthropathies indifférenciées est très variable, et seule une minorité évolue vers une spondyloarthrite définie avec atteinte radiologique sacroiliaque.

Cependant, l’existence de modifications mineures des articulations sacro-iliaques (stade 1) représente un facteur pronostique de l’évolution ultérieure vers une spondylarthrite. Huerta- Sil [8] a pu suivre, pendant trois à cinq ans, 50 patients atteints de spondylarthropathies indifférenciées. À l’entrée dans l’étude, l’ancienneté de la maladie est 5,4 ± 5,7 ans, plus de 90 % des patients avec une forme axiale et périphérique, 38 % avec une sacro-iliite, ne permettant cependant pas le diagnostic de spondyloarthrite. À la dernière évaluation, 42 % des patients étaient classés en spondylarthrite selon les critères de New York. En analyse multivariée, deux facteurs pronostiques sont identifiés : l’uvéite OR : 19,25 [IC 95 % : 1,72–214] ; p = 0,001, et une sacro-iliite de stade 1 bilatérale : OR 11,18 [2,59–48,16] ; p = 0,001.

Références :

[6] Mau W, Zeidler H, Mau R, Majewski A, Freyschmidt J, Stangel W, et al. Clinical features and prognosis of patients with possible ankylosing spondylitis. Results of a 10-year follow-up. J Rheumatol 1988;15:1109– 14.

[7] Sampaio-Barros PD, Bertolo MB, Kraemer MHS, Marques-Neto JF, Samara AM. Undifferentiated spondyloarthropathies: a 2-year follow-up study. Clin Rheumatol 2001;20:201–6.

[8] Huerta-Sil G, Casasolas-Vargas J, Londono JD, Ruiz-Rivas R, Chavez J, Pacheco-Tena C, et al. Low-grade radiographic sacroiliitis as prognostic factor in patients with undifferentiated spondyloarthritis fulfilling ankylosing spondylitis diagnostic criteria throughout followup. Ann Rheum 2006;65(5):642–6.