Avant d’aborder le domaine de la pathologie, il faut tout d’abord rappeler que le seul vieillissement s’associe à une fréquence accrue d’« enthésopathies radiologiques » [8,25]. Ainsi, toute étude cherchant à établir une relation entre une pathologie et l’atteinte des enthèses doit tenir compte de ce facteur (appariement en fonction de l’âge, correction suivant l’âge…) [26]. En dehors de cette situation d’enthésopathies purement radiologiques chez des sujets asymptomatiques, il apparaît que le sport ou les activités physiques intenses répétées sont les plus grandes pourvoyeuses d’enthésopathies symptomatiques. Ainsi, dans les milieux sportifs, les consultations pour talalgies, épicondylite, enthésopathies rotuliennes par exemple sont très fréquentes. D’autres enthésopathies également très fréquentes surviennent sans pathologie sous-jacente identifiée et sans qu’une activité physique « excessive » soit toujours mise en évidence : il s’agit par exemple de certaines tendinopathies d’insertion de la coiffe des rotateurs ou de la région trochantérienne. Des mécanismes à la fois de traction et ischémiques sont souvent évoqués [8]. À l’opposé, des enthésopathies souvent calcifiantes sont connues dans les syndromes tétra- ou paraplégiques (dans [8]).

Une grande cause d’enthésopathies ossifiantes, faisant possiblement le lien entre les facteurs mécaniques et les facteurs métaboliques [27], est la maladie de Forestier [28]. Nombre de véritables maladies métaboliques sont susceptibles d’impliquer les enthèses à un degré ou à un autre dans leur processus physiopathologique (dans [8]). Les principales sont citées dans le Tableau 1. Signalons que le diabète a parfois été évoqué comme étant associé aux enthésiopathies (dans [26]) mais qu’une étude récente consacrée à cette question n’a pas retrouvé d’association franche entre les deux pathologies [26]. Le mécanisme précis de l’atteinte de la structure enthésique n’est pas connu pour la plupart de ces affections métaboliques. Le dernier groupe d’affections touchant les enthèses est celui des maladies inflammatoires (dans [8]). La fréquence de l’atteinte des enthèses dans les SpA est démontrée par de multiples travaux. Elle est beaucoup plus faible dans la polyarthrite rhumatoïde [29,30], et peu de données existent pour les autres connectivites et maladies de système.

Principales affections métaboliques associées à des enthésopathies (dans [8])

Ochronose
Chondrocalcinose
Goutte
Rhumatisme à apatite
Hyperparathyroïdie
Hypoparathyroïdie primitive
Ostéomalacie
Hypophosphatémie familiale
Fluorose
Acromégalie

Références :

[8] Niepel GA, Sit’Aj S. Enthesopathy. Clinics in Rheumatic Diseases 1979;5:857–72.
[25] Shaibani A, Workman R, Rotschild BM. The significance of enthesopathy as a skeletal phenomenon. Clin Exp Rheumatol 1993;11:399– 403.
[26] Tambalo C, Poli M, Mantovani G, Bressan F, Bambara LM. Enthesopathies and diabetes melitus. Clin Exp Rheumatol 1995;13:161–6.
[27] Gaucher A, Péré P, Gillet PM. From ankylosing spondylitis to Forestier’s disease : ossifying enthesopathy, a unifying concept. J Rheumatol 1990;17:854–6.
[28] Littlejohn GO. More emphasis on the enthesis. J Rheumatol 1989;16: 1020–2.
[29] Paolaggi JB, Struz P, Goutet MC, Le Parc JM, Siaud JR, Auquier L. Recherche systématique des enthésopathies au cours des rhumatismes chroniques. Résultats et signification pathologique. Rev Rhum 1984; 51:451–6.
[30] D’Agostino M-A, Said-Nahal R, Hacquard-Bouder C, Brasseur J-L, Dougados M, Breban M. Assessment of peripheral enthesitis in the spondylarthropathies by ultrasonography combined with power doppler. Arthritis Rheum 2003;48:523–33.