Huit des neufs centres du réseau ont souhaité participer au travail. Au cours de la période évaluée, 83 patients (55 femmes, 28 hommes, d’âge moyen de 53,9 ± 13 ans) ont bénéficié d’un traitement par infliximab pour PR (60 patients, dont 48 femmes et 12 hommes, d’âge moyen de 57,2 ± 13 ans) ou SPA (23 patients dont 8 femmes et 15 hommes, d’âge moyen de 45,5 ± 10 ans).

La dose de la corticothérapie orale au moment de l’introduction de l’infliximab était de 9,3 ± 7 mg d’équivalent prednisone chez les patients atteints de PR, et de 2,6 ± 5 mg d’équivalent prednisone chez ceux atteints de SPA. Un diabèteétait associé à l’affection rhumatologique chez cinq des patients.

Au cours du suivi (médiane = 1 an), le traitement a été stoppé dans 36,1 % des cas (30 patients) pour résistance primaire ou secondaire (12 patients, tous atteints de PR), effet indésirable (12 patients, dont 4 infections et 6 réactions allergiques), décès sans rapport avec le traitement et non liés à une infection (2 patients), désir de grossesse (une patiente), autres (3 patients). Les données obtenues chez ces 30 patients ont été incluses dans les résultats.

Cinq patients ont présenté une infection sévère à pyogène, soit une prévalence de 6%(taux de 5,5/100 patient–année). Il s’agissait de trois femmes et deux hommes, d’un âge moyen de 65,8 ± 12 ans, tous traités pour PR. Les cinq patientsétaient traités par corticothérapie, avec des doses journalières moyennes d’équivalent prednisone à l’instauration de l’infliximab et au moment de l’infection de respectivement 15,5± 9 et 14 ± 10 mg. La posologie hebdomadaire de méthotrexateétait en moyenne de 15,5 ± 2 mg. Le délai de survenue du problème infectieux par rapport à l’initiation de l’infliximabétait bref (médiane 2 mois, extrêmes = 1 semaine– 8 mois).

Les infections étaient représentées par une surinfection bronchique sévère, ayant conduit à une hospitalisation en réanimation pneumologique, une pneumopathie lobaire aiguë, un érysipèle, une septicémie sur pyélonéphrite, une septicémie avec spondylodiscite infectieuse. Les cultures de crachats montraient la présence d’un Hemophilus influenzae dans le premier cas, les hémocultures et la bactériologie urinaire retrouvaient la présence d’E. coli dans le quatrième cas, et les hémocultures mettaient en évidence un Staphylococcus aureus dans le cinquième cas. Pour les deux autres malades, le diagnostic d’infection à pyogène était retenu sur le tableau clinique et paraclinique, et sur l’évolution sous traitement antibiotique. Chez tous les patients, on retrouvait un terrain et/ou facteur favorisant. Tous étaient traités par corticoïdes, à doses relativement conséquentes. Les deux patients ayant fait une infection respiratoire étaient porteurs d’une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). De surcroît, le deuxième avait bénéficié de trois perfusions de 250 mg de solumédrol quelques jours avant la perfusion d’infliximab (dose non prise en compte dans la moyenne de la posologie de la corticothérapie donnée plus haut). Chez letroisième patient, l’érysipèle est apparu peu de temps après une perfusion d’infliximab, et était centré sur le point de ponction intraveineuse. Le quatrième patient était porteur d’un diabète. Enfin, la septicémie et la spondylodiscite staphylococcique sont survenues chez une patiente qui avait bénéficié d’une perfusion d’infliximab alors qu’elle présentait un cor au pied ulcéré et surinfecté, qu’elle avait oublié de signaler et qui était passé inaperçu à l’examen clinique.

L’évolution a été favorable sous antibiothérapie dans tous les cas. Toutefois, la patiente traitée pour surinfection bronchique sur BPCO a présenté dans l’année suivante, malgré l’arrêt de l’infliximab, trois nouvelles surinfections bronchiques, dont la dernière fatale. L’infliximab a été arrêté définitivement chez trois des cinq patients, et repris à distance de l’infection chez les deux autres. Pour l’un d’entre eux, il a duêtre stoppé quelques semaines plus tard pour réaction allergique.

Pour l’autre, les perfusions étaient poursuivies sans problème au moment de la collecte des données, soit un an après l’infection.
La comparaison entre les groupes ayant ou n’ayant pas présenté d’infection grave à pyogène n’a pas en évidence de différence en ce qui concerne le sexe, l’affection rhumatologique (PR ou SPA) et la présence d’un diabète. En revanche, les patients ayant présenté une infection étaient plus âgés que les autres (65,8 ± 12 ans contre 53,1 ± 13 ans, p = 0,043), etétaient traités par une dose plus importante de corticoïdes oraux (15,5 ± 9 contre 6,9 ± 7 mg d’équivalent prednisone par jour, p = 0,036) au moment de l’introduction de l’infliximab. Les Figs. 1,2 montrent les risques en fonction de l’âge et de la dose journalière de corticoïdes.